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Channel: Splash My Sound » Adrien Bériol
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Oiseaux-Tempête - ÜTOPIYA? | LP (Sub Rosa)

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Deux ans et demi depuis la sortie de leur premier et éponyme album et notre première rencontre, la formation Oiseaux-Tempête est de retour ce mois-ci avec ÜTOPIYA?. Toujours chez les belges de Sub Rosa, ÜTOPIYA? a la lourde tâche de porter sur ses épaules l’étape fatidique du second opus. Celui qui, après l’unanime sollicitation de la presse et du public qu’avait suscité l’évènementielle première galette, pose l’éternelle question du renouvellement, de la continuité, de la stratégie adoptée et, in fine, de l’appréciation du groupe en lui-même et non plus simplement de leur album. Problématiques de fouille-merde dira-t-on, certes, mais nombre d’artistes se seront cassés les dents pour avoir mal négocié ce virage. Et comme on les aime bien ces petits gars on leur souhaitait évidemment d’optimiser la courbe.

Bref, on ne va pas tourner autour du pot éternellement, mais à notre plus grand soulagement la courbe est parfaitement optimisée, et le trio - devenu quatuor pour l'occasion – retombe sur ses huit pattes comme une araignée sur sa toile. A la question du renouvellement versus enfonçage de clou, Oiseaux-Tempête ne se prend pas la tête et choisit tout simplement les deux, sans même montrer la moindre once d’hésitation.

oiseaux-tempete - pamela maddaleno
Étant donné le succès du premier Oiseaux-Tempête, l’enfonçage de clou était évidemment de bon augure, et à ce titre on retrouve ici tout ce qui aura créé l’un des incontournables de l’année 2012. L’atmosphère qui s’en dégage, déjà, à commencer par l’artwork sombre, dystopique, les field-recordings méditerranéens, ainsi que leur jeu, tout aussi grave et mélodique, comme une poésie en noir et blanc. Les accès de rage et les grondements longs qui ruinent la cage thoracique, ces grincements si fins, trop rares dans la scène post-rock/stoner française, et qui impriment désormais leur marque de fabrique au fer rouge. A ce titre, si Someone Must Shout We’ll Build The Pyramids, Soudain Le Ciel, ou le jouissif Ütopiya / On Living sauront à merveille rassurer les aficionados de la première heure, ils pourraient bien également rameuter quelques biches perdues au passage. Par sa puissance, la fidèle trame qui ossature ÜTOPIYA? fait ainsi passer le style Oiseaux-Tempête de l’album au groupe, provoquant ce plaisant sentiment de retrouver, en quelques notes seulement, cette personnalité si forte et imprégnante dont on est désormais fans.

La nouveauté quant à elle se dissémine tout au long de l’album. On citera évidemment en premier lieu l’intégration à part entière de Gareth Davis à la clarinette basse, musicien virtuose qui partage la scène depuis déjà quelques temps avec le trio de base, mais qui en était encore absent lors de l’enregistrement du premier album. L’efficacité de cette fusion était donc déjà éprouvée, et c’est dès l’ouverture Omen : Divided We Fall que l’on tâte de la synergie créée entre Gareth et ses acolytes Stéphane, Frédéric et Ben, et de la mutation free-jazz qu’un aussi simple changement peut engendrer. On retrouve cette synergie sur bon nombres de morceaux de l’album, et au rayon nouveautés on trouvera également l’entrée du piano sur Fortune Teller, une piste qui tranche étonnamment avec ce que l’on connaissait de la formation mais qui ne dénote pas d’une miette pour autant.

Oiseaux-Tempête - UTOPIYA?En grands pinailleurs devant l'éternel que nous sommes nous aurions pu regretter l’absence de pistes fleuves telles qu’Ouroboros dont la longueur ne fait que mieux servir la puissance, mais 1) on a déjà avec tout ça deux morceaux qui avoisinent les 10 minutes, ce qui n’est déjà pas si mal, et 2) c’était sans compter sur la dernière piste de l’album, un morceau live de 22 minutes enregistré à l’Eglise Saint-Merry : Palindrome Series. Je ne suis habituellement pas fan du concept d’ajouter une piste live à la fin d’un album car je trouve que l’album y perd en homogénéité, en intention, et cette fameuse piste se désaccorde du reste pour, au final, ne laisser qu’une impression d’incompréhension à la fin d’un album qui s’en serait bien souvent passé, quitte à être plus court. Mais là c’est différent, car Palindrome Series écrase à pleine pelle ce que Oiseaux-Tempête a finalement de meilleur à nous offrir : le live. Ces 22 dernières minutes font certainement partie des plus jouissives de l’album, et version live ou pas, l’acoustique est évidemment différente mais l’enregistrement n’est au final pas si cradingue que ça. La question pourrait au final se transformer en « hey les gars, pourquoi vous ne sortez pas un album live au final ? ». Certes ce ne serait pas une mauvaise idée, mais après tout ils font bien ce qu’ils veulent, hein.

Alors oui, il faut que 1) vous achetiez ÜTOPIYA? sur le champs et 2) que vous achetiez tout de suite vos places pour leurs prochains concerts.

Oiseaux-Tempête is back. Et pas qu’un peu.


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